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LE ONZIEME COUVERT - JEAN-ARMAND BEAUX
Editions Fournier, Collection de l’Ombre, 1946

Après un premier essai prometteur aux éditions Dumas (Le 7ème Juré, 1946), cet auteur nous raconte l’enquête du juge d’instruction Grenier et de l’inspecteur Menu consécutive à l’assassinat d’une femme volage aux abords de la villa de la duchesse de Listrac, dite « Diable au Corps », qui domine la baie de Saint-Jean-de-Luz.
Cette jolie femme mariée qui refuse le divorce à son mari parce qu’elle l’aime encore mais n’hésite pas à prendre des amants là où elle en trouve, en adoptant une attitude pour le moins provocante, est retrouvée morte écrasée au pied de la falaise sur des rochers après une longue chute ; des marques de strangulation autour de son cou prouvent qu’il s’agit bien d’un crime et non d’un accident.
La Duchesse, ce soir là, avait invité une bande d’amis plutôt hétéroclite qui allait du couple en instance de divorce (la morte était la femme), leurs beaux-frères et sœur, à un autre dépareillé en âge, un dandy passionné par les boutonnières fleuries, un Comte, peintre élégant et cruel venu faire son portait et un vieux marquis libertin mais devenu impuissant.
« La duchesse ne détestait pas de mettre en présence des gens qui avaient mille raisons de se fuir ».
La montre de la morte, qui retardait d’une demi-heure et à été retrouvée brisée au moment de la chute, amène, en cours d’enquête, à redéfinir l’heure du crime et met à bas deux alibis.
En fait, l’affaire est plus compliquée qu’une simple intrigue de jalousie, laquelle semble s’imposer de prime abord ; c’est bien un drame familial mais la victime n’est pas celle qui a été visée par l’assassin.
Le juge, ayant découvert son identité, laisse à ce dernier un moyen d’échapper à la justice en différant la révélation de la vérité de vingt-quatre heures. C’est plus qu’il n’en faut à cet individu pour entrainer avec lui celui qui a fomenté cette sordide affaire et effacer à jamais la moindre trace en percutant lui-même à pleine vitesse un arbre : deux autres morts.
Une solution qui, finalement, semble complaire à tout le monde, l’inspecteur y compris, même si la moralité de l’histoire n’est pas sauve.
Quant à la duchesse, peu encline à l’émotion, sa seule réaction est de faire enlever le couvert du mort attendu pour le déjeuner : le onzième couvert, précisément.

Michel Granger

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