Entretiens

MICHEL DE ROY

KARINE GIEBEL

JEANNE DESAUBRY

Sur http://membres.lycos.fr/polar

Interviews de :

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Il y a eu "Les mystères de Paris", puis "Les nouveaux mystères de Paris" de Léo Malet. Zola a écrit "Les mystères de Marseille". Est-ce qu'avec "L'énigme de la Blancarde" sous-titré "Les nouveaux mystères de Marseille" vous avez eu d'emblée l'idée d'une série ?

Pas du tout. Le sous-titre Les nouveaux mystères de Marseille est, évidemment, un clin d’œil hommage au premier roman d’Emile Zola, qui lui-même faisait référence aux Mystères de Paris d’Eugène Sue (en moins bon). Je pensais en rester là. C’est Laurent Laffont, directeur littéraire chez Lattès, qui m’a suggéré l’idée d’une “suite romanesque”. Ensemble nous en avons établi "le cahier des charges". A partir d’affaires réelles, plus ou moins adaptées, on retrouverait des personnages récurrents – les héros de L’énigme de La Blancarde : Raoul le reporter, Cécile sa fiancée devenue sa femme, l’oncle commissaire, etc… auxquels viendraient s’agréger des “seconds rôles” propres à chaque histoire. Et chaque fois, un nouveau quartier de Marseille servirait de décor. J'en suis à trois volumes parus. le quatrième est écrit. Il s'appellera probablement Double crime dans la rue Bleue et aura pour cadre le quartier de la Belle de Mai. Il devrait paraître en novembre 2005 (voir bibliographie) Après ? On verra. Je m’arrêterai de moi-même quand je n’éprouverai plus de plaisir. C’est le moteur principal. A partager avec les lecteurs. Mais je ne me vois pas jouer les Léo Malet et aller jusqu’à 20 volumes.

Avez-vous déjà recensé d'autres énigmes susceptibles de conduire à des romans ? Car si vous suivez le même postulat vous partez de cas non élucidés. Y en a-t-il beaucoup ?

La “ matière ” comme vous dites, existe. Au besoin on l’importe d’autres périodes et on l’adapte. J’ai recensé plusieurs histoires qui pourraient convenir. Dans le second volume, par exemple, j’ai mélangé deux affaires qui ont eu lieu dans des endroits différents et n’avaient pas de rapport entre elles. Et puis, ce que je n’ai pas, je l’imagine.

J’aime bien cette ambiance de la Belle Epoque, parce que c’est celle des grands feuilletonistes que j’admire et envie (Ponson du Terrail, Gaston Leroux, Souvestres et Allain, Maurice Leblanc) et parce que la Belle Epoque marseillaise n’a pas encore été exploitée. Je défriche.

Parlons un peu roman policier. Le "polar" c'est quoi pour vous ?

Le polar, pour moi, c’est un genre majeur, parce qu’on peut tout faire passer à travers une histoire policière : critique sociale, politique, économique et parce que les règles imposées par le genre vous obligent à la rigueur. On ne traîne pas en route. J’ai horreur des temps morts romanesques. Le tempo de l’histoire est mon obsession. J’ai toujours peur de m’emmerder en cours de route. Et d’emmerder les autres.

Quels sont vos auteurs de polars préférés ?

En vrac et au hasard : Gaston Leroux, Dashiell Hammet, Chase, Simenon, Andrea Camilleri, Patricia Highsmith, Horace Mc Coy, Tony Hillerman, P.D. James, Ruth Rendell .

Avez-vous épuisé les faits divers Marseillais et est-ce que la chronique "Ca c'est passé à Marseille" sera reprise un jour dans La Provence ?

La chronique Ça s’est passé à Marseille ne sera pas reprise dans La Provence. D’abord parce que je m’y opposerais, ensuite parce qu’on ne risque pas de me le demander

Quel genre de romans policiers préférez-vous ? Le roman noir ? Le suspens ? Le "polar" historique ? L'énigme classique ?

J’aime tous les genres du polar. A condition qu’on sache m’embarquer, je marche. je suis très bon public, quand c’est bien fait. Je déplore que trop de médiocres culottés – s’engouffrant dans une mode temporaire comme toutes les modes - occupent trop de place dans un genre qui demande outre le talent, une discipline d’enfer.

Envisagez-vous d'écrire des "polars" inspirés de faits plus récents ?

Je n’envisage pas pour l’instant d’écrire sur des faits divers plus récents, car la plupart ont été déjà exploités.

Combien de temps pour écrire “L’énigme de la Blancarde” ?

“ L’énigme ” m’a pris deux mois pour aller jusqu’au mot fin. J’écris vite, mais après une gestation plus ou moins longue. Mon record personnel c’est 27 jours (La cathédrale engloutie). Encore faut-il s’entendre. Je recorrige et relis beaucoup pour flinguer les adverbes et les adjectifs en plein vol.

Comment écrivez-vous ? Etablissez-vous un plan précis que vous suivez fidèlement, ou bien démarrez-vous avec une idée plus ou moins précise et ensuite vous découvrez les péripéties au fur et à mesure ?

Je démarre avec une vague idée. Parce que si je sais trop où je vais, ça me fige. J’adore me faire des surprises en cours de route.

Et jamais de panne ? Ca m'épate un peu ces auteurs capables de pondre des pages et des pages, comme G.J. Arnaud... Je me souviens avoir entendu F. Dard dire que tous les matins il se mettait à sa machine et écrivait jusqu'à midi. Ou Pierre Magnan qui travaillait jusqu'à 5 h. comme un fonctionnaire ! alors que, naïvement, je croyais que tout dépendait de l'inspiration, tel jour 1 page, tel jour rien, tel jour c'est la forme : 10 pages, etc.

C'est un métier d'artisan. Il faut être sur l'établi et ça finit par venir. Le journalisme m'a été d'un grand secours, où il faut pondre son texte, même si on n'en a pas envie pour telle heure et avec tant de lignes. Qu'on ait mal à la tête, que bobonne vienne de vous plaquer pour un maître-nageur, ou que les pieds et paquets de midi ne passent pas bien.

C'est bon, moins bon, ou franchement mauvais, mais je n'ai jamais connu la panne. Je crois que c'est un mot inconnu dans le journalisme de quotidien. Et ça aide quand on passe aux choses sérieuses. Dard était un ancien journaliste. Quant à Magnan, c'est un paysan sur son araire.

Reste le cas G.J. Arnaud. A mon avis, lui, il possède une fonction endocrine supplémentaire qui sécrète de l'encre d'imprimerie. .

Passons au questionnaire de Proust (un questionnaire revu et corrigé !)

Quel est votre principal trait de caractère ? La loyauté

La qualité que vous préférez chez un homme? La loyauté

Et chez une femme? La loyauté

Ce que vous appréciez le plus chez vos amis? La loyauté

Votre principal défaut? Je manque de confiance en moi

Votre occupation préférée? Ecouter de la musique

Votre rêve de bonheur? Ecouter de la musique

Votre plus grande peur? Ne plus pouvoir écouter de la musique

Ce que vous voudriez être? N’importe qui en l’an 3000

Où aimeriez-vous vivre ? A Marseille sans certains Marseillais qui par leur incivisme chronique, leur sans-gêne et leur égoïsme, font parfois de ce paradis un enfer.

La couleur que vous aimez? Le violet archevêque

Vos auteurs favoris en prose? Flaubert, André Suarès, Boris Vian

Vos poètes préférés? Arthur Rimbaud, Charles Baudelaire, René Char

Vos héros / héroïnes dans la fiction? Frédéric Moreau (L’éducation sentimentale), Le grand Meaulnes, Tristan, Cosette

Mes héros / héroïnes dans la vie réelle? Depuis qu’enfant j’ai appris que Mermoz, que j’idolâtrais, était Croix-de-feu, je n’ai plus confiance dans les héros.

Et votre livre de chevet, si vous en avez un? J’ai un livre de chevet nouveau par soir.

Vos compositeurs classiques préférés? Bach, Mozart, Beethoven, Schubert, Wagner, Fauré, Mahler, Strauss (Richard)

Et vos compositeurs contemporains préférés? Ravel, Bartok, Stravinski, Martinu, Chostakovitch

La chanson que vous sifflez sous votre douche? La musique maçonnique funèbre K 477 de W.A. Mozart.

Les prénoms que vous préférez? Elsa

Vos peintres favoris? Bosch, Goya, Van Gogh, Marquet, Gauguin, Modigliani, Caillebotte, Matisse

Votre film culte? Casablanca (Michael Curtiz) et dans un autre genre Chantons sous la pluie de Stanley Donen

Votre actrice préférée? Yvonne de Carlo (L’esclave libre de Raoul Walsh) C’est grâce à elle qu’aux confins flous de l’adolescence j’ai opté carrément pour l’hétérosexualité.

Votre boisson préférée? Le pure malt de 12 ans d’âge. ( si possible de 18 ).

Que détestez-vous par-dessus tout? Le sans–gêne.

Quel personnage historique détestez-vous le plus? Napoléon.

La réforme historique que vous admirez le plus? L’abolition de la peine de mort.

Vos héros dans la vie réelle? Alexandre-Marius Jacob, (1879-1952) anarchiste né à Marseille, qui ne s’attaquait qu’aux nantis et rétrocédait une partie de ses rapines aux indigents. Il a inspiré le personnage d’Arsène Lupin.

Si vous deviez changer un aspect de votre apparence physique, lequel choisiriez-vous? Le temps s’en est chargé.

Votre plus grand regret? N’avoir pas été chef d’orchestre.

Les fautes qui vous inspirent le plus d'indulgence? Les fausses notes.

Comment aimeriez-vous mourir? En écoutant le prélude du 3ème acte de Tristan et Isolde de Richard Wagner.

Etat présent de votre esprit? Y en a encore beaucoup, des questions ?

Votre devise? Qu’on nous foute la paix, une bonne fois.

Pardon, c’est qui ON ? Je m’adresse à tous ceux qui nous les brisent menu-menu et nous rendent la vie impossible. Alors là si vous voulez mettre la liste en ligne vous n’avez pas fini !

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