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LE MALEFICE DES RUINES - ARWID FAX
Editions R. Simon, Police Secours Collection, 1938.

Voilà un livre qui n’a de policier que la collection où il est paru initialement. Il est vrai qu’il n’existe pas de catégorie spécifique pour les romans de ce type...
On apprend grâce à la magie de google qu’une nouvelle publication en a été faite en 2009 par les
Editions Lac et Lande, à l’instigation de la fille de l’auteur, un médecin psychiatre et psychanalyste de Casablanca, Maurice Igert, qui faisait des séjours à Hossegor dans les années 1930. Cette édition récente semble seulement disponible sur : http://www.lesamisdulac.fr.
Qualifié d’ « historique, psychologique et initiatique », ce roman, inspiré d’un fait réel du 18ème siècle, raconte la venue d’un jeune chef de clinique psychiatre suédois (il écrit à la première personne et doit donc être pris pour l’auteur) depuis Stockholm jusqu’en Italie, près de Bologne, dans une vieille propriété dont une partie est en ruines. Y habitent deux sœurs d’âges éloignés mais toutes les deux séduisantes. Le jeune psychiatre va bien sûr ne pas être insensible au charme des deux femmes. Mais l’une d’elle est mariée à un comte tenu éloigné par des engagements militaires.
C’est le frère des deux sœurs, alors retenu lui aussi au loin par la guerre, qui a fait appel à un ami alors aliéniste dans une institution suédoise pour envoyer quelqu’un sur place afin d’étudier et de diagnostiquer l’état psychologique qu’il subodore anormal de la part de sa sœur ainée.
Effectivement, le jeune Arwid s’interroge sur certains comportements de la comtesse sans, pour autant, y voir un dérangement, celle-ci semblant surtout la plupart du temps mélancolique, tournée vers le passé, un passé dans lequel elle se réfugie psychiquement mais aussi physiquement quand il découvre que les ruines abritent un passage secret…
La mort d’un jeune ouvrier jardinier tué et jeté dans un fossé n’est là que pour ajouter quelque touche
policière totalement inutile d’ailleurs à l’histoire qui pourrait aisément s’en passer, attendu qu’elle détonne dans le contexte romanesque, à mon humble avis.
Ce qui est fascinant et brûlant dans cette histoire, c’est le destin tragique de la jeune comtesse Francesca qui va devenir la victime induite ou volontaire d’un des phénomènes les plus mystérieux et les mieux attestés des annales de la médecine : celui qui est appelé parapyrogénie, terme pas forcément connu de tous et que j’utilise à dessein pour que la grande majorité des lecteurs potentiels préservent intact leur étonnement.
Hélas, on n’en retire pas quelque explication du phénomène – laquelle n’existe pas encore à ce jour - d’autant que l’auteur croit bon de faire user l’héroïne d’un autre expédient fatal avant qu’elle en soit spontanément le siège.
A conseiller pas forcément aux amateurs d’énigmes policières classiques mais à tous ceux que ne rebute pas un peu de fantastique dans une intrigue romantique.

Michel GRANGER

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