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Vous connaissez tous ce sentiment qui vous fait reconnaître un livre déjà lu aux première pages de la relecture, même si cela remonte à plusieurs décennies. Eh bien j’ai ressenti cette impression en abordant ce volume ; sachant que je ne pouvais l’avoir lu, je me suis demandé un temps s’il ne s’agissait pas d’une republication du titre « La noyée de l’île » paru en 1958, soit 10 ans plus tôt, chez Frédéric Ditis (La Chouette) changé de titre. D’autant qu’on apprend à la fin que la période d’écriture de ce livre par l’auteur a été 1956/57, soit avant la parution du livre chez Ditis.
En fait, les deux livres se ressemblent beaucoup. Le scénario initial est le même : une noyée est découverte ici dans les viviers des parcs à huitres des Sables d’Olonne, là dans une anse de l’île Saint Ange à proximité d’une usine à conserve de poisson et de légumes. Les deux victimes ne sont pas mortes par noyade mais ont d’abord été frappées. Toutes les deux ont des mœurs légères : la première est une fille facile et aguicheuse sortant éméchée d’une surprise party, la seconde, plus âgée, femme du directeur de l’usine de conserve, « vivait dans le péché » en ayant de nombreux amants. Bref deux situations grandement similaires où se mélange l’homosexualité ou la nymphomanie en une époque où ces mœurs n’étaient pas des thèmes librement abordés dans la littérature policière. En cela A. Sigusse fait figure de « pionnier ».
Quant aux « dames blanches » du titre de ce livre, ce sont deux lesbiennes vues ensemble de loin que les ouvrières de l’usine prenaient pour « des créatures des ténèbres » !
Les enquêteurs sont les mêmes : le commissaire principal Hérard accompagné de l’inspecteur Delormeaux. Je ne sais si l’auteur les a impliqués dans d’autres livres, lui qui est encore vivant et présente une bibliographie abondante dont des livres publiés entre 1975 et 1989 sous le nom de Jean Guénot.
Michel GRANGER
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