C’est dans un style enlevé (traduction ou non ?) mais écrit en petits caractères d’imprimerie (fin de la guerre oblige ?) que cet auteur danois (1904-1970), qui a aussi écrit plusieurs livres pour enfants, raconte la mort d’un duc tué dans le jardin d’hiver de son château, une balle tirée à bout portant dans la poitrine et l’enquête qui s’ensuit menée par un détective privé William Hammond, ami du reporter du journal The Star. L’inspecteur Kennedy de Scotland Yard est relégué à un rôle secondaire. Ce soir-là, le duc recevait, comme tous les ans, les survivants d’un pacte fait sur le champ de bataille de 1917 par huit officiers de l’armée qui s’étaient engagés, chacun le faisant par testament, pour qu’à la mort de chacun, les deux tiers de sa fortune aillent dans un fond commun qui, tout à la fin devait servir la cause de la paix ou la défense du pays. Or dans ce singulier accord, il y a un vice de forme qui n’interdit pas au dernier survivant d’utiliser l’argent à d’autres fins que celles stipulées car on a oublié d’indiquer qu’à la mort du septième, le numéro 8 devrait immédiatement verser les deux tiers de sa fortune au fond pour que le total puisse servir selon les desiderata des testateurs. C’est cette erreur qui manifestement est à l’origine du drame. Quelqu’un veut forcer le destin. Le premier des officiers à décéder fut tué trois jours après la signature de l’accord à la bataille de Cambrai. L’un des huit a disparu, il y a 19 ans et, bientôt, va être déclaré mort légalement. En fait, 4 des officiers restent en lice. Avec la mort du duc, plus que 3. Tout porte à croire qu’un des officiers encore en vie a décidé d’être ce dernier vivant en éliminant les autres un par un ; deux autres meurtres semblent confirmer ce scénario. Le survivant est-il le coupable ? Pas sûr car le neveu du duc, qui revient de Bornéo où il s’était exilé suite à un autre épisode de guerre et qui ne semble pas vouloir laisser échapper les deux tiers de son héritage (le testament de son oncle ait été escamoté), est aussi à soupçonner et une histoire de bijoux volés vient alimenter d’autres pistes. Finalement, après avoir retrouvé le disparu pas si loin que ça, le détective va confondre le coupable en apportant des preuves tangibles et non pas avec de simples allégations dont semblait se contenter la police officielle faute de mieux. Des héros sympathiques qui ne seront pas remis en scène à ma connaissance.
Michel GRANGER
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