J’ai toujours été un fan d’André Lay et ce, depuis mon adolescence. Au point d’aller lui demander conseil lorsque le projet fou d’écrire du policier m’a titillé un temps quand j’avais 18 ans ! J’ai raconté comment ce sont déroulés ces échanges sur le site des cahiers du net : http://michelgrangerfictions.lescahiers.net/granger.data/PAGES/granger3.html.
M’étant ouvert à lui des refus répétés du Fleuve Noir à vouloir accepter de publier mes premiers écrits, j’ai trouvé de sa part une oreille bienveillante si bien que nous avons, avec de longues interruptions, continué de correspondre jusqu’à sa mort survenue en 1997.
Cette histoire dans le style de ses premiers romans, mes préférés, se lit d’une traite et reflète toutes les qualités de cet auteur : récit plausible rapporté simplement ; propos limpides ; mécanique bien huilée avec un grain de sable qui s’y introduit et une fin inattendue mais symbolique. Un petit agent de supermarché transportant des fonds d’encaissement à la banque se trouve involontairement, avec sa camionnette, mêlé à une catastrophe (29 morts dans la collision d’un train avec un bus) qui lui donne la possibilité de changer de vie. Vol laissant la police sans réaction, usurpation d’identité, fuite à bord d’une voiture volée, le voilà acculé au meurtre quand le destin le rattrape par un malicieux chemin qui fait tout le charme de cette intrigue racontée sobrement mais passée au scalpel d’une opération chirurgicale psychologique montrant comment une maigre exaction (profiter d’une dramatique occasion), peut conduire inexorablement à la pire des situations (effet papillon).
Notre modeste employé devenu riche en raison « du vol le plus astucieux de siècle » va devoir se transformer en un horrible assassin, s’y reprenant même à deux fois pour réussir son acte de mort et il va y laisser sa peau, rattrapé par un destin qu’on peut qualifier de vengeur.
Michel GRANGER
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