J’avais fort apprécié le tandem Pierre Chaine (1882-1963)/Noré Brunel dans « Le bal tragique », publié aux Editions de France (1934) et dans « Le Pont du moulin », publié par Les Editions La Bruyère, collection « La Cagoule » en 1946.
Et ce crime impossible écrit en solo par Noré Brunel (1886-1954), auteur dramatique, romancier et pasticheur de Gaston Leroux, ne m’a pas déçu, même si cette « impossibilité » ne fait pas long feu : au manoir de l’Infernet (sic), un commandant de l’armée en retraite est retrouvé mort dans son cabinet de travail qui lui sert de chambre, porte fermée au verrou de l’intérieur, fenêtres très au-dessus du sol closes à l’espagnolette, cheminée obturée par une épaisse planche en bois scellée. On a dû faire appel à un serrurier pour y pénétrer.
Aucune arme n’est découverte dans le voisinage immédiat du cadavre. L’homme porte un casque apparemment pour écouter la radio et ne pas troubler le sommeil des autres. L’inspecteur Loison dépêché sur les lieux remarque que peu de sang a coulé de la blessure qu’il présente dans la face postérieure du cou, un trou sanguinolent laissé à première vue par une balle. Tous les éléments sont là pour déduire ce qui s’est passé en cette période de « collaboration » où le commandant « suivait aveuglément le Maréchal » et où la milice et la Gestapo traquent la résistance.
La veuve, beaucoup plus jeune que son mari, ne verse pas une larme après le drame. Ce soir-là, il y avait plusieurs invités au manoir et la mort correspond, à 20 ans près, à une mort similaire subie par le père du commandant, dont le père lui-même avait été tué de la même manière… « La similitude de ces trois morts ne pourrait être le fait d’une coïncidence. »
Comme lors des morts précédentes, d’étranges bruits sourds ont été entendus ce soir-là, qui avaient d’ailleurs fort inquiété le commandant au cours de la soirée. Mais, ça c’est pour l’ambiance générale. Bref, un livre bien écrit peut-être un peu décevant quant à son épilogue et ce, malgré une méthode pour donner la mort qui sort tellement de l’ordinaire qu’elle en paraît assez peu réaliste.
Michel GRANGER
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