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QUI A TIRÉ - CARL CLAUSEN
Editions des Loisirs, Collection Loisirs Police, 1939

On trouve dans ce livre tous les clichés du polar américain… ce qui n’est pas forcément une assurance d’agréable lecture : un homme est assassiné à New York, un homme riche mais au passé douteux, flanqué d’un domestique qui, lui, semble au courant de ce passé et fait face à des soucis de famille quant à son rejeton. Manifestement, il a quelque chose à cacher. Ajoutez deux nièces recueillies par le riche vieillard dont une est atteinte d’une maladie mystérieuse à échéance de quelques mois et un inspecteur qui, pour une fois, voit d’un bon œil le fait qu’un jeune avoué vienne se mêler à l’affaire. Voilà le décor planté. Pour un texte ennuyeux comme bien souvent dans cette même collection ? Eh bien non : ce livre se lit d’un trait mais en savourant chaque page avec autant de plaisir qu’une gorgée de vin savoureux.
Car, comme point ajoutant un peu de piquant, la victime a été retrouvée, assise dans son bureau fermé de l’intérieur, une balle lui ayant pénétré par l’arrière dans la tête… Personne, dans l’entourage, n’a entendu le moindre coup de feu mais la fenêtre ouverte fournit vite la solution à cette énigme de chambre pas tout à fait close vite devinée par les deux enquêteurs. D’ailleurs le dessin de couverture donne la clé de l’énigme même si la situation est plutôt différente au niveau du nombre d’étages de l’immeuble. Il n’y a pas que des buildings à New York, n’est-ce pas ?
La bonne surprise, c’est que l’auteur a su faire de ce scénario classique un petit bijou d’écriture, de suspense, de vraisemblance avec une fin surprenante dont le parachutage passe sans même s’en apercevoir.
En effet, le coupable est absent du livre, précisément insoupçonné à cause de liens improbables avec la victime et d’un voyage en Europe qui le dédouane à priori d’avoir participé au drame : un alibi. Et pourtant, tout cela va s’élucider sans avoir recours aux ficelles trop souvent alambiquées.
Une histoire menée tambour battant, sans longueurs ; c’est un point exceptionnel à saluer.
Dommage que les autres livres (3 ou 4 ?) écrits par cet auteur anglo-saxon n’aient pas attiré les traducteurs pour une version française. Car on en redemande.

Michel GRANGER

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