Patrick Cauvin : un plat qui se mange froid
Chez certains écrivains, le temps érode l’imagination. Chez Patrick Cauvin, il semble la stimuler. A preuve, son dernier roman, intitulé Venge-moi ! C’est un scénario diabolique, écrit au scalpel, et je défie quiconque de s’en arracher avant le dénouement aussi surprenant que logique. Je défie surtout le lecteur de le deviner. On va, dans cette histoire apparemment linéaire, de surprises en coups de théâtre et – ce qui est un régal – on ne va jamais là où on croyait aller. Du grand art, conduit avec une précision d’horloger, où tout est attendu et pourtant inattendu. Deux mots de l’histoire, ils ne gâcheront pas le plaisir. Le narrateur, qui a vécu une enfance étouffante près d’une mère obsessionnelle, jamais remise de la guerre, recueille son dernier souffle en forme de mission vengeresse : durant l’occupation, elle et son père ont été dénoncés à la Gestapo comme juifs. La mère sait qui a écrit la lettre et donne le nom du corbeau en disant à son fils « Venge-moi ». Deux mots qui vont le faire descendre en enfer. Voilà c’est tout. Et c’est formidablement mené… par le bout du nez.
JeanContrucci
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