Peter Coram est le pseudonyme de l’essayiste et critique d’art suisse, Georges de Traz (1881-1980), qui se commit dans le roman policier entre 1937 et 1943 et publia notamment ce titre dans la catégorie de faux romans policiers anglais ; c’est l’éditeur français qui, pour faire illusion, inventait un titre anglais à un texte écrit initialement en français. Ici, il a même oublié d’ajouter un nom de traducteur ! C’est un excellent livre qui commence par un dîner entre amis dans un restaurant de la banlieue de Londres (ville inexistante) organisé autour d’un écrivain à succès spécialisé dans les histoires se déroulant en Orient… Pour une fois, il déroge à son habitude et écrit un roman policier dont l’action se passe à Marseille. Un roman publié en feuilleton qu’il dicte au fur et à mesure de sa parution à sa secrétaire. Or, quelques jours plus tard, son meilleur ami, rendu à Gstatt en Suisse pour faire du ski, y apprend le suicide de l’écrivain, un poignard enfoncé dans la poitrine. L’enquête a conclu à un suicide du fait qu’on a trouvé sur son bureau une feuille de papier ensanglantée disant qu’« on n’accuse personne de ceci (sa mort ?) : Je suis le seul coupable ». Or l’ami sait pertinemment que l’écrivain n’était pas enclin au suicide. Et dès son retour à Londres et sa prise de contact avec ce que lui a laissé en héritage son ami – ses manuscrits et ses livres – il acquiert la certitude qu’il s’agit d’un assassinat. Sa première trouvaille concernant la confession est si pertinente qu’elle convainc l’inspecteur Judd, de Scotland Yard, de relancer l’enquête. Sa seconde idée est que le livre policier qu’écrivait son ami n’est pas une œuvre d’imagination mais transpose un fait réel dans un cadre imaginaire. Et il recherche les personnages dans l’entourage de l’écrivain puis imagine l’assassin opérant dans le livre comme quelqu’un qu’il a voulu indirectement dénoncer. Ce dernier, se sentant en danger, aurait supprimé l’écrivain avant qu’il ne désigne le coupable… Voilà l’ami parti sur une piste et elle va le conduire à une solution qui n’est pas celle qu’il avait imaginée. D’où un certain nombre de rebondissements aptes à rendre ce récit particulièrement captivant. Une histoire qui change des récits alambiqués difficiles à suivre auxquels nous ont habitué d’autres auteurs de cette collection.
Michel GRANGER
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