Marc Daubrive (pseudonyme ?) a écrit là un livre intéressant bien que d'aucuns jugeraient son style quelque peu suranné. Un tel défaut ne me gène pas, au contraire ; je préfère une belle écriture parfois dite ampoulée au style télégraphique que l'on rencontre trop souvent aujourd'hui. Un fils de notaire est découvert tué d'une décharge de fusil dans la tête près d'un ruisseau dans la campagne morlaisienne, en Bretagne. Le suicide est exclu, le plomb n'étant pas sorti de son fusil. Du coup, le titre du livre a trouvé une réponse dès les premières pages. Mais il n'est pas aussi simple de trouver quel est l'assassin : entre le garde chasse dont la femme était la maîtresse de la victime, le père d'une mineure qu'il avait engrossée et qui le faisait chanter, son frère ainé qui a épousé la fille qu'il convoitait et les nombreuses inimitiés qu'il s'était attitrées au cours de son séjour au Maroc et sa vie dite crapuleuse depuis qu'il en était revenu. L'enquête est effectuée par un juge d'instruction et un procureur qui s'orientent vers des pistes radicalement différentes. Et collaborant avec eux, un journaliste venu de Paris – le narrateur – dont on ne connaîtra pas le nom ni celui du journal qui l'a envoyé sur les lieux. Divers alibis ayant innocenté les principaux suspects, l'enquête piétine et le journaliste est rappelé à Paris avant que l'enquête aboutisse. Elle va même rester au point mort pendant deux ans, le procureur expliquant cet échec par un problème de "préjugés sociaux". Rappelé par le procureur, le journaliste va se rendre compte que celui-ci connaît le coupable mais ne peut le dénoncer toujours "à cause des scrupules qu'on lui impose". Pour surmonter ceux-ci, le procureur monte une mascarade prétendant obtenir des aveux sous hypnose induits par un spirite lequel va se révéler le chef de la Sûreté parisienne venu prêter main forte à l'enquête… Un temps, le journaliste soupçonne même le juge d'instruction qui a eu une liaison avec la femme du frère de la victime et semble n'avoir pu conclure à une culpabilité heurtant sa conscience… La femme est arrêtée, puis libérée quand une lettre d'aveu arrive au procureur. Le meurtrier se dénonce… L'affaire classée, on se doute que le journaliste rentre à Paris. On est sûr de ne pas le retrouver, son nom n'étant pas cité une fois… En plus, ce roman semble avoir été le dernier publié par cet auteur.
Michel GRANGER
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