J'ai aimé
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Manta corridor - Dominique Sylvain
Viviane Hamy, mars 2006, 258 pages, 16 euros

4° de couverture :
Passage du Désir, Prix des Lectrices ELLE Policier 2005, célébrait la naissance du duo Lola Jost, ex-commissaire de police, et Ingrid Diesel, l'Américaine amoureuse de Paris. Ces deux tempéraments que rien ne prédestinait à se rencontrer forment désormais un tandem tout en contrastes, humour et générosité. Ici, les deux comparses recherchent sans grande conviction Louis Manta, shampouineur du salon les Féeries de Dakar, disparu sans laisser d'adresse, au grand dam de sa patronne, la flamboyante Lady Mba...

“- Je ne voudrais pas vous attrister mais Louis a pu décider que l’herbe était plus verte ailleurs.
- Ici l’herbe a la couleur du crocodile qui est content parce qu’il a bien mangé. J’ai nourri Louis avec de bons plats et de la bonne humeur.
- Qu’est-ce qui vous le prouve ? La fidélité n’excède pas la frontière de nos illusions. Ce n’est pas moi qui le dis mais Adolfo de Gaillac.
- Chez nous on dit : Prête ta plus belle lance à un vrai guerrier et il reviendra te voir après la chasse. J’ai donné un abri et mon amitié à Louis, et je suis sûre qu’il est parti parce qu’une affaire grave lui était tombé sur la tête.
Ingrid ne put s’empêcher de sourire. Pour une fois que Lola trouvait une rivale de son gabarit en matière de citations ! L’affaire devenait intéressante.”

Manta Corridor est le dixième roman de Dominique Sylvain tous publiés dans la collection Chemins Nocturnes.

Nos deux VIP, tout en étant de Very Important Persons, sont surtout de Very Insistantes Pétroleuses. Elles sont embarquées dans une enquête qui paraît bien simple : rechercher Louis qui a disparu du salon de coiffure de Lady Mba. Ingrid, qui a perdu son job a le moral en berne. et malgré la chaleur étouffante qui règne sur Paris, Lola pense que cela fera un dérivatif à la déprime de son amie.
On les aime nos deux VIP.
On aime leur complicité, le caractère bougon de Lola, ses proverbes réels ou inventés de toutes pièces : “Le guerrier qui sait y faire attrape la poule par les pattes et le singe par la cervelle.”.
On aime le langage d’Ingrid créatrice de jolis néologismes : abatristé, affrolant, sinistrosé, mortélique ou encore ambianceurs, son langage imagé : “Tes chaussures font un bruit de grenouille”.
On aime leur humour : “- On va s’organiser, Ingrid. Pour courir deux lièvres à la fois. Tu restes ici. - Courir un lièvre, ça s’utilise aussi quand on fait du surplace ?”
On rêve en pensant au numéro d’Ingrid : “Ingrid racontait que pour son prochain strip-tease, elle envisageait une mise en scène librement inspirée de La Dolce Vita. Elle ferait la fontaine (...) Marcello et Anita à elle toute seule. Elle ferait le fourreau noir, les longs gants noirs (...) et le rire d’Anita.”
On aime les repas pris chez leur ami restaurateur : “Une émouvante brandade de morue, accompagnée d’une pétillante salade panachée. Et des îles flottantes pour finir dans la légèreté.”
On aime l’écriture de Dominique Sylvain : “Les bruis de la rue filtraient à travers une gangue d’ouate sale. Le temps avait la lourdeur d’un mammouth mal élevé, assis sur Paris(...) L’orage éclata comme une mauvaise blague dans la rue du Château-d’Eau.” 
En un mot comme en cent j’ai aimé Manta Corridor.        

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