L’auteur signe ici son meilleur « roman policier romancé » selon l’accroche de la couverture. Et d’ajouter au dos la liste des 5 romans « qui ont classé l’auteur parmi les Maîtres du roman policier français ». Il est vrai qu’avec une action minimaliste, J. Esquirol parvient à écrire un livre qui se lit d’une traite tant l’intérêt en est constant et bien entretenu. C’est dans le cadre « féérique » du lac d’Annecy qu’il situe son intrigue parmi les clients de l’hôtel des Cygnes, à Talloires, où les pensionnaires se mélangent autour des excursions en montagne et la plage avec des promenades en bateau. En une manière de cercueil flottant, une de ces barques vient s’échouer un soir dans la zone de l’hôtel avec à son bord un homme mort portant une plaie béante à l’œil : balle de revolver ou autre chose ? Le drame a-t-il quelque rapport avec une violente altercation survenue, le même jour, entre la victime et un autre pensionnaire de l’hôtel ? A priori non puisque le meurtrier potentiel avait entrepris, ce soir-là, l’ascension de la Tournette rendue visible à distance par des fumigènes. Le hasard joue un grand rôle dans cette histoire et notamment pour expliquer la présence de Songeac, héros récurrent de l’auteur, le chef de l’information de l’Echo Mondial, lui-même en vacances chez un des administrateurs du journal qui possède une propriété au bord du lac et qui va se mêler de l’affaire. Songeac qui sera aidé par l’inspecteur principal Auffray qu’il connaît déjà pour lui avoir prêté main forte dans d’autres affaires, lequel est à la poursuite d’un dangereux escroc international… Comme d’habitude, Esquirol nous concocte un dénouement surprenant qui ne fait appel à aucun subterfuge mais, tout au contraire, constitue un épilogue tout à fait plausible même s’il pourra paraître trop simpliste à ceux qui aiment les intrigues embrouillées. Le grand mérite de l’auteur est qu’il sait se cantonner à des histoires humaines que tout le monde pourrait vivre un jour ou l’autre non sans y introduire une pointe d’érotisme qui y ajoute un certain piquant peu coutumier à l’époque. Si quelqu’un possède des renseignements sur Jules Esquirol, je lui saurais gré de me les transmettre. Je ne sais de lui qu’il serait né en 1871 et aurait été en outre rédacteur de journaux de théâtre à Paris. Un bon écrivain sur lequel on aimerait en savoir un peu plus.
Michel GRANGER
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