C’est une solution à n’utiliser qu’une fois, certes, dans une œuvre littéraire d’auteur de romans policiers. Je ne sais pas si Esquirol a appliqué ce principe n’ayant pas lu tous ses livres mais je vais m’employer à rechercher tous ceux qui me manquent tant cette histoire est agréable à lire. Dans un taxi pris dans les embouteillages parisiens, un homme est retrouvé mort, la tempe ensanglantée : il ne fait aucun doute aux services de la préfecture de police et, même, au commissaire chargé des constatations, que cet homme a été tué par un coup rapproché d’arme à feu : suicide, meurtre ? On ne retrouve par d’arme dans le taxi. Et c’est la tempe gauche qui est atteinte, la victime, un avocat à la cour, était droitière. L’enquête, confiée à l’inspecteur Auffray, établit que le mort était monté dans le taxi en compagnie d’une femme, laquelle s’est fait déposer sur le trajet. C’est autour de la personnalité de cette femme que va s’articuler l’enquête et elle va bientôt aboutir puisque la liaison de la victime avec l’épouse de son meilleur ami semble ne pas faire mystère… sauf pour le mari trompé. Un ami éditeur qui a publié une œuvre commune : un petit Larousse de droit élémentaire. Elle était sa maîtresse et obéissait à ses goûts sexuels très particuliers comprenant quelques accessoires. Il est vrai qu’il la récompensait par des bijoux. C’est en tentant de récupérer un de ceux-ci, d’ailleurs, qu’elle va se faire repérer tant cette mort dans le taxi, juste après qu’elle ait quitté son amant, l’a traumatisée : elle doit être la dernière l’avoir vu vivant avant l’assassin ; ainsi, va-t-elle venir elle-même au devant de ceux qui la recherchent et bien sûr se laisser arrêter et interroger... tout en niant toute implication dans la mort de son amant et sombrant dans un état proche de la prostration. Une attitude parfaitement justifiée quand on saura de quoi est mort le passager du taxi. Mais l’annonce par la presse de son arrestation va susciter chez son mari une violente réaction qui fournira un épilogue malheureusement dramatique à ce qui aurait pu être un banal fait divers. Quant au mur de bronze, c’est une image destinée à représenter l’incompréhension à laquelle se heurte l’esprit désemparé d’une femme désespérée.
Michel GRANGER
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