La femme du Président de la Stella-Film, une importante affaire cinématographique de Joinville, qui voit dans l’arrivée du cinéma parlant « une inquiétante révolution artistique » - le muet permettant aux spectateurs d’interpréter les images et les scènes d’après leurs affinités, leur culture, leurs besoins émotifs…, bref de penser, de rêver tandis que le « sonore » ne leur donne que la possibilité d’enregistrer ! – est trouvée égorgée, carotide coupée, après une brève dispute avec une amie. Est-ce l’amie qui, par rivalité amoureuse vis-à-vis d’un acteur célèbre et beau, a enfoncé une dague coupe-papier dans le cou de la femme… et ne s’en souvient plus à cause d’une névrose hystérique consécutive ou bien y a-t-il une autre solution à cette mort violente dont l’accusée potentielle a été frappée, par contrecoup, d’une réaction fébrile méningée dont elle réchappe par miracle ? Heureusement, un jeune journaliste de L’écho Mondial (sorti de l’imprimerie après un dépannage au pied levé dû à un coup de vent qui a emporté les pages manuscrites du reporter qui « faisait » les commissariats ; son ton non journalistique a plu au chef des informations !) ne s’arrête pas aux apparences privilégiées par la police et va ainsi éviter à la jeune fille traumatisée par la mort de son amie et rivale de passer directement de l’hôpital à la prison ! Car c’est dans un étui de rouge à lèvres débarrassé de sa substance et contenant une pellicule photographique, déniché par le journaliste en herbe, que va se concrétiser la piste de la rivalité entre les deux femmes ; une vive jalousie, certes, mais pas au point d’en arriver à une telle voie de fait, à savoir une dague plantée dans la gorge. Du coup, le jeune journaliste qui a fourni l’explication inattendue du drame se voit gratifier d’une embrassade qui l’émeut beaucoup mais pas au point de l’empêcher d’aller traiter de cochon et de goujat l’acteur bellâtre qu’il quitte après l’avoir souffleté par deux gifles retentissantes. Puis il s’en va rejoindre ses collègues qui, en l’attendant, ont commencé une belotte. Un régal à lire et à comprendre… sans se prendre la tête. Un genre qui, hélas, ne fait plus recette.
Michel GRANGER
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