|
Ce premier livre signé Frédéric Dard paru au Fleuve Noir est coté à un prix qui le rend aujourd’hui inaccessible dans sa version originale ; aussi, vaut-il mieux l’avoir acquis comme je l’ai fait il y a quelques années.
C’est du Frédéric Dard débutant avant qu’il se lance dans sa série psychologique et juste après un premier San Antonio prometteur où l’auteur affichait déjà toute sa gouaille dans un Paris livré à l’occupation allemande.
Sous titré « récit de Russel Moor », il narre dans un style qui ne se démarque guère de celui des autres auteurs de la collection l’enquête d’un employé d’une cimenterie française envoyé par son patron à Indianapolis pour promouvoir la maison... Il y a épousé une certaine Gloria, laquelle vient d’être tuée « d’une balle de 9 dans la tête et une autre à la hauteur du sein gauche » et dont on a coupé les 10 doigts. Des doigts à 10 millions de dollars ! N’avait-elle pas collé sur ses ongles de petits confettis contenant les plans, sous forme de « micro-points », d’une bombe à réaction inventée par son savant de père allemand tué par une voiture accidentellement (?) et qui voulait léguer cela au « Département d’Etat » US ?
Russel Moor part à la recherche des doigts de sa femme et aux trousses de la bande meurtrière « pour éviter la chaise » qu’il dit craindre. L’essentiel de l’action consiste à des échanges de tirs entre des gangsters maladroits armés de mitraillettes et l’adresse proverbiale de Moor en tant que « casseur de pipes » au pistolet.
Heureusement que l’épilogue sort de l’ordinaire (une ficelle déjà utilisée par A. Christie) et il explique pourquoi R. Moor ne sera pas un personnage récurrent.
Que Frédéric Dard ait pris son nom pour signer ce petit roman noir est plutôt surprenant, lui qui aspirait manifestement à autre chose. En fait ce premier F. Dard est à oublier tout en le gardant précieusement en tant que collectionneur.
Michel GRANGER
|
