En 2011 Jean Contrucci nous avait fait une belle estoumagade en annonçant, après la sortie de La somnambule de la Villa aux Loups, son dixième opus des Nouveaux Mystères de Marseille, que ce serait la dernière enquête de Raoul Signoret son héros, reporter au Petit- Provençal. Pour notre plus grand bonheur il n’en a rien été. Ouf, nous l’avons échappé belle. Et pour ce douzième tome il nous revient en pleine forme dans une nouvelle enquête qui le mène dans un autre quartier de Marseille, celui de Château-Gombert, qui, aujourd’hui encore, a gardé le charme d’un petit village avec ses traditions et son folklore. Un reportage sur un “spectacle jamais vu à Marseille, un féroce combat, digne des jeux du cirque romain” a conduit notre reporter dans ce petit village, ce qui lui a donné l’idée d’y emmener sa petite famille en pique-nique pour visiter des grottes à proximité. La découverte de deux petits cadavres sera le début d’une enquête qui le conduira sur la piste de trafics odieux où règnent la mort et la folie. Avant de commencer un roman et quand il a décidé en quel mois et quelle année il allait se passer, Jean Contrucci lit les journaux de cette période afin de recueillir les évènements, petits ou grands, comme ici le tremblement de terre qui secoua la Provence en 1909, la traversée de la Manche par Blériot, ou la venue de Sarah Bernhardt, évènements qu’il glissera à petites doses dans son récit l’encrant ainsi dans la réalité de l’époque. Mais tout ceci ne serait rien sans une intrigue solide et ce qu’il faut d’action et de mystère pour entretenir l’intérêt du lecteur. Avec des touches d’humour et de bonne humeur pour tempérer un récit noir et sordide. Sans oublier, bien sûr, les personnages devenus des amis au fil du temps : Raoul bien sûr, Cécile, son épouse toujours prête à lui donner un coup de main, Adèle et Thomas, leurs enfants, écoutant avec malice les conversations des « grands », l’oncle Baruteau chef de la police et l’ineffable Escarguel, le poète incompris du journal. On aime aussi retrouver les titres des chapitres rappelant les feuilletons de l’époque : « Où, en cette fin d’après-midi du 20 mai 1909, on assiste à un combat à mort où les fauves ne sont pas seulement dans l’arène », « Où, après d’émouvantes obsèques, notre héros parti à la recherche d’un témoin découvre un pendu » ou encore « où Cécile s’en mêle en apportant des informations propres à éclaircir les idées embrouillées de son époux. » Cette affaire est une nouvelle réussite et nous croisons les doigts pour qu’il y en ait encore d’autres de cette qualité.
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