Alors : A quand le prochain ?
L'année prochaine, même jour, même heure. Mais digérez d'abord celui-là, c'est le plus gros de la série : il fait 466 pages !
Et quel est son titre, si ce n’est pas indiscret ?
Le titre du tome 6 sera - si mon éditeur ne me demande pas de le modifier d'ici la parution : "Les diaboliques de Maldormé" du nom de cette calanque entaillée dans la côte rocheuse qui va du Vieux-Port de Marseille aux plages du Prado et que nous persistons à désigner comme "La Corniche" bien qu'elle porte le nom d'un président Etasunien révolverisé à "Dal-las-ton-univers-impitoyââââbleu" (Texas).
On sent que vous ne vous contentez par d’écrire un simple roman policier, mais que vous en profitez pour évoquer des problèmes contemporains : la condition ouvrière des cigarières dans Le double crime de la rue Bleue, ou ici, à travers l’exposition coloniale de 1906 à Marseille, les problèmes de la conquête coloniale.
Ce qui est bien avec le genre, c'est qu'on n'est pas obligé de s'en tenir strictement à l'intrigue policière. C'est l'occasion d'aborder les problèmes de société, de rappeler des faits oubliés ou escamotés par l'Histoire officielle, d'autant plus qu'elle se répète quand elle ne bégaie pas. C'est un moyen de réveiller les mémoires oublieuses. Je sais qu'il y a des lecteurs (trices) qui préfèrent qu'on ne déborde pas sur les problèmes de société ou les évocations historiques quand on prétend écrire un polar, mais je reste persuadé qu'ils nourrissent la trame policière, l'enrichissent, donnent épaisseur aux personnages et lui fournissent des racines. En tous cas, c'est ma "manière"
La pub de Lattès dit : du mystère, de l’humour et de la castagne : est ce que c’est la recette idéale pour écrire un livre à succès (sans oublier les recettes de cuisine de Thérèse Baruteau) ?
Si on connaissait la recette idéale, on mettrait dans le mille à chaque coup. Disons qu'il s'agit d'ingrédients. La liste n'est pas limitative.
Je suppose que ce livre a demandé de nombreuses recherches, sur l’exposition coloniale, sur le spiritisme, sur la région de la Mitidja ?
Exact. 1906, l'année où se déroule l'intrigue est celle de la première exposition coloniale française. L'occasion était trop belle de montrer la bonne conscience de la société de la Belle Epoque face à l'exploitation des peuples colonisés et le pillage de leurs ressources. L'actualité récente, les polémiques nées après l'idée saugrenue du parlement français actuel de souligner "l'aspect positif" de la colonisation en gommant soigneusement ses aspects négatifs, donnent au roman sa justification. Quant au spiritisme, c'était la distraction favorite des bourgeois de la Belle Epoque. La télé avant la lettre; si vous préférez (On faisait apparaître des "images" venues d'ailleurs dans les salons!) Avec la même capacité d'attraper les gogos et d'abrutir les esprits.
Le lecteur se demande toujours comment naît un roman. Quel a été le point de départ de celui-ci ?
Au fond, je viens de répondre: l'exposition coloniale de 1906 et la vogue des "tables parlantes" et des esprits frappeurs.
Comme le tome 6 est déjà écrit je suppose que vous commencez déjà à penser au tome 7 ? Ou bien avez-vous envie de passer à autre chose, revenir au roman "traditionnel" ou encore entamer une autre série pour changer ?
Pour l'instant, je pense surtout au nouveau-né et lui donne tous mes soins pour qu'il grandisse. Mais il est vrai que je songe à un tome 7. Il est encore dans les limbes. jusqu'à plus ample informé, je ne pense pas à changer de genre. J'ai déjà "donné" et les lecteurs attentifs pourront se tourner vers mes romans "d'avant les Nouveaux Mystères de Marseille" s'ils ont envie de voir ce que ça donne quand je ne sévis pas dans le polar.
Avez-vous une idée du nombre de volumes qui constitueront les Nouveaux Mystères de Marseille ?
Pas la moindre.
Merci !
Octobre 2006
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