Qui peut bien être cet habile aventurier dont le « modus operandi » est discuté dans un club de golf ? Il signe ses méfaits en envoyant, le lendemain du vol, une lettre de donation à une œuvre caritative (l’orphelinat de la police, par exemple) où il dessine un hibou en guise de signature. Quatre membres du club de golf d’Addingford (?) sont parmi les suspects selon l’inspecteur principal Ashdown de Scotland Yard, lui-même membre du club… L’auteur du livre, quant à lui, s’ingénie à faire durer le suspense pour ne pas en dévoiler l’identité.
L’ennui, c’est que l’éditeur français, en troisième de couverture, donne tous les éléments qui permettent de reconnaître « le Hibou ». C’est dommage parce que cela diminue l’intérêt de l’intrigue même si, dans certains cas, cela peut avoir l’effet inverse.
Malgré cette bévue voulue ou non, ce livre est un régal à lire. Son auteur, Herbert Adams (1974-1958), a pris un pseudonyme pour l’écrire. Il fit partie des lauréats du concours organisé en 1935 par le célèbre éditeur, G. G. Harrap (1867-1938), destiné à trouver un concurrent aux fameux cambrioleurs tels qu’Arsène Lupin de Maurice Leblanc ou Arthur Raffles de E. W. Hornung. On sait que 2000 manuscrits furent soumis à cette occasion en provenance du Royaume et des Etats-Unis en un record de créativité qui ne fut jamais égalé…
Le gagnant fut John Creasey avec la première aventure de son héros « Le Baron » ; « Le Hibou s’amuse » fut-il le numéro 2 ? En tout cas, l’auteur ne remit plus en scène ce héros au nom « vernaculaire » et c’est bien dommage tant cette aventure en appelait d’autres. Tandis que J. Creasey, sous le pseudonyme d’Anthony Morton nous donna une série d’aventures du Baron (47 exactement) qu’on ne se lasse pas de lire et relire.
« Le hibou s’amuse » restera donc une tentative réussie mais qui resta sans lendemain (l’auteur écrivit d’autres romans mais sans « Le Hibou »). Il est vrai que la journaliste qui avait séduit le jeune homme s’était fait fort de le transformer… en canari !
Michel GRANGER
|