Faire mourir un jeune acteur de cinéma, ancien danseur professionnel et gigolo, avec un coupe-papier enfoncé dans le dos (suicide exclus) dans une pièce qualifiée de « caisse » tellement elle est hermétiquement close (fenêtre bouchée et porte impossible à fermer du dehors avec les clés à l’intérieur), voilà certes un moyen original de faire courir l’imagination et de lancer une passionnante histoire policière.
D’autant que le mort est tout d’abord décrit comme faisant une cour pressante à la femme du grand illusionniste, « Le Seigneur Mystère », lequel se produit à l’Olympia où « tout le monde, du troisième garçon d’accessoire au chef d’orchestre, cherche à deviner le secret de ses tours effarants ».
Malgré le fait qu’on constate qu’il n’y a « pas plus de truquage dans la porte que dans le parquet, le plafond, les murs, la fenêtre », l’auteur, habilement, entretient les soupçons.
« Impossible !... Absurde !... ». « Un meurtre absolument inexplicable dans l’état de la science », selon le journal du soir : Le Vingtième Siècle.
Il se révèle progressivement qu’il pourrait s’agir tout autrement de la vengeance d’un ancien complice de la victime qui a purgé plusieurs années d’incarcération injuste à la prison de Sing Sing et qui vient d’être libéré.
C’est alors que le maître illusionniste propose à la police d’expliquer sur place « comment le fantaisiste assassin s’y est pris ». Ce qui relance l’idée qu’il pourrait bien en être l’artisan. Et, en effet, la technique pour résoudre cette énigme de vase clos est franchement originale et astucieuse. Tellement d’ailleurs que certains journaux, n’y croyant pas, reviennent à l’éventualité d’une « manifestation paranormale ». « Le fait que certaines manifestations supranormales peuvent être imitées matériellement ne prouve rien contre elles », lit-on fort justement.
En fait, il faudra un second meurtre – qui finalement se révélera n’en être pas un – pour confondre le coupable, lequel bénéficiera de l’indulgence de la police et pourra regagner l’Amérique accompagné du « Seigneur Mystère » et de sa jeune épouse qui vont y présenter leur nouveau tour : le « Sphinx ».
Michel GRANGER
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