Voici la deuxième enquête de Stanislas Perceneige après celle qui l’a vu, en tant que juge d’instruction au sein du cabinet de justice 50, se démener pour innocenter une fille, accusée du meurtre de son amant, dont elle n’était même pas la maîtresse ! Une enquête qui l’a conduit à la démission « par amour, pour quitter l’empyrée des juges d’instruction, redescendre sur terre, ne plus être qu’un homme ébloui d’une femme » et finalement à sa conversion en détective privé. On voit que le style de J. P. Carraud est flamboyant, parfois à l’extrême, par delà une histoire souvent poussive.
Celle-ci démarre pourtant par une scène cocasse : dans un magasin de vente de gravures anciennes du quai de Béthune à Paris, S. Perceneige et sa fiancée, mademoiselle Dolly Honeymoon (tel est son nom !), assistent à la venue de trois clients qui demandent « L’Ecuyère », une lithographie de Daumier répertoriée dans le Peintre-Graveur Illustré mais qui n’a jamais été publiée ! La réponse du marchand est chaque fois : « Demain, peut-être… »
Comme clients, un poète, un professeur et un baron, tous tellement âgés que Perceneige, pour se renseigner sur eux, va consulter un journaliste qui a déjà préparé leur nécrologie ! Les trois aimeraient acquérir cette œuvre méconnue de Daumier.
En fait, le marchand en a acquis 3 exemplaires lors d’une vente aux enchères il y a quelques années et il les a gardées, attendant son heure. C’est l’apparition d’une aquarelle, dans une boîte des quais de Seine, répondant à la description : « une femme couronnée de roses debout sur un cheval courant dans l’arène d’un cirque en présence de nombreux spectateurs », qui pousse le marchand à engager sa vente.
Or le faussaire auteur de l’aquarelle est retrouvé mort, assommé par derrière puis égorgé. Son nom : Héraklès Durand , initiales H. D. comme Henri Daumier…
C’est sur cette mort qu’enquêtent Stanislas et Dolly en s’installant incognito dans la pension où le peintre habitait et ça va être long avant qu’ils ne parviennent à la solution peu surprenante au demeurant. Ce n’est pas l’intrigue qui distingue les romans de l’auteur mais son style à nul autre pareil allant même jusqu’à s’appuyer sur un vocabulaire quelque peu érotique.
Michel Granger
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