Comment utiliser une pendule pour tuer quelqu’un ? Pas en s’en servant comme un objet contondant pour frapper et assommer, non. Ni en la trafiquant pour qu’elle indique une mauvaise heure réduisant à néant un alibi quelconque. Tout au contraire, il s’agit d’une utilisation originale rendue quasi vraisemblable par le fait que son propriétaire est un maniaque de l’heure exacte et, en même temps, comme gazé de guerre, se trouve désavantagé par une sensibilité particulière, ce qui le rend plus vulnérable à l’arme fatale employée ici. De surcroît, la montée précipitée d’un escalier pour accéder à la chambre de la pendule quand retentit la sirène de la ville joue un rôle subtil dans le décès de ce Général qui a invité chez lui deux amis – des compagnons de guerre – pour les consulter sur son intention d’adopter la fille de sa maîtresse décédée. Or ne venait-il pas de renoncer à cette adoption suite à des arguments juridiques fournis par son neveu ? Un neveu sur lequel, bien sûr, vont se focaliser les soupçons puisque la fortune du Général est « rondelette ». Mais aussi sur les deux invités qui n’avaient peut-être pas grand intérêt à cette adoption eux qui ont connu la maîtresse du Général avant qu’elle ne le devienne… et ne savent plus très bien s’ils ne sont pas eux-mêmes le père de la fille… Et aussi, comme suspects, les membres de la famille de la morte, dont la sœur était marchande de poisson et le frère brocanteur ! Tout cela connu du Général. Quant aux trois domestiques, au moins un aurait pu jouer un rôle dans la mort du Général, car lui aussi... Bref.
Finalement, le coupable sera identifié par la trace qu’il a laissée dans la terre du jardin lorsque passé par une fenêtre il s’est quasiment affalé sur le sol. Une preuve infime mais qui suffit à désigner le coupable et faire se terminer le livre dans les meilleures conditions : les deux jeunes vont se marier et vivre heureux avec la fortune du Général.
Michel GRANGER
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