Philip Macdonald (1900-1980) est un auteur britannique de romans policiers qui, dans une série de douze livres, met en scène le colonel Ant(h)ony Gethryn. Les traductions de 10 de ces récits en français sont parues à La Nouvelle Revue Critique, Collection l’Empreinte (4), à la Librairie des Champs Elysées, collection Le Masque (2), chez Gallimard (1), chez Rouff, La Clé (1), chez Albin Michel, Le Limier (1), et un à la Table ronde objet de cette critique. Cette sixième enquête du colonel (en français), fait suite à la mort d’un impresario de cinéma réputé retrouvé flottant dans sa baignoire. Aurait-il glissé et se serait-il assommé, puis noyé ? Aussitôt le colonel Gethryn, accompagnant sur les lieux du drame un ami chirurgien chez qui il dînait, exclut les hypothèses de l’accident et du suicide pour diverses raisons. La porte vers l’extérieur fermée mais constatée « huilée » élimine la possibilité d’un crime en local clos. Un simple fil retrouvé a pu y suffire. Le colonel, qui appelle sa femme « mon Watson » en référence à Sherlock Holmes dont il applique les méthodes de raisonnement, écrit : « J’aime à essayer de me transformer en un bout de papier buvard dont la mission est d’absorber les impressions ». La police représentée par un commissaire et un inspecteur lui reproche d’être toujours en quête de subtilités alors même que l’évidence est sous son nez : à savoir la présence sur les lieux, le soir du crime, d’un auteur grugé et retrouvé drogué et armé dans une pièce adjacente à la salle de bain. Il y a tout d’abord un bouton arraché à l’habit du mort et découvert dans un monte-charge qui retient l’attention du colonel puis d’autres indices matériels... Mais c’est l’étude des mobiles des 10 suspects qui occupe aussi les enquêteurs. Finalement, c’est un mobile atypique qui va désigner le coupable, non financier, non matériel, mais plutôt psychologique, cette histoire se déroulant dans un milieu qui favorise les excès de « Moi ». Et c’est la chute d’une femme dans une cage d’ascenseur, un meurtre abject, qui finalement réveille l’esprit aiguisé du colonel l’amenant à tendre un piège au coupable dans lequel il va tomber non sans avoir manifesté un dernier sursaut d’orgueil.
Michel GRANGER
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