Imaginez un détective privé qui se fait tirer dessus à bout portant dans son bureau… et se réveille auprès de Cléopâtre, reine d’Egypte, avec pas loin de lui Jules César qui le jalouse quand la belle lui fait les yeux doux (des yeux gris pâle). “Je suis chez les fous !” se dit-il. Pas précisément puisqu’il se retrouve à la morgue où après une expérience de mort imminente, il se met à raconter des histoires à dormir debout. Rétabli, son premier souci est de chercher s’il n’a aucun ennemi mortel. Mais c’est la constatation que le numéro vissé sur la porte de son agence a basculé – le 9 étant devenu un 6 – qui l’amène à penser qu’il a tout simplement été victime d’une erreur. Du coup, il se rend chez son voisin : un producteur de cinéma qui tourne justement le film : « Jules César et Cléopâtre »… Entre temps, il a rendu une visite à son assassin incarcéré lequel rend l’âme sous ses yeux en absorbant un saucisson truffé de cyanure qu’on vient de lui apporter dans un colis. On ne s’ennuie pas au début de ce livre loufoque. Le détective est tiraillé entre l’esprit de Cléopâtre (matérialisé pendant 3 semaines maximum) qui ne le lâche pas et fait tout pour le faire mourir par personne interposée afin qu’il la rejoigne dans le plan B (royaume des morts) et César, son rival, qui, au contraire veille sur lui pour qu’il soit épargné et ne vienne pas trop tôt le concurrencer. Hélas, cette belle entrée en matière se met bientôt à trainer en longueur avec une action qui s’essouffle malgré les multiples tentatives d’homicide pleines d’imagination dont fait l’objet le détective mais cela ne suffit pas à relancer l’intérêt pour cette histoire haute en couleur qui, malheureusement, trahit ses promesses. Quant à la fin, elle est décidément trop facile (indigne de lauréats du Grand Prix du Roman d’aventures) et compromet l’ensemble du livre en dépit d’un style plaisant, quelques bons mots et surtout beaucoup de scène de pur comique de situation dans le milieu cinématographique. Un bon moment de lecture tout de même, mais on pouvait s’attendre à mieux.
Michel GRANGER
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