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TRAIN BLEU TRAIN NOIR -MAURICE GOUIRAN
Jigal, mars 2007, 228 pages, 16 €

Et le Vieux-Port fut condamné

Dans l’intense production de ce qu’il est convenu d’appeler «  le polar marseillais », Maurice Gouiran se distingue à plus d’un titre. A tel point que le confiner chez les « polardeux » c’est risquer de passer à côté de la dimension humaine, sociale et politique de ses romans. L’Histoire – avec un grand H – y pointe toujours son nez et l’analyse du comportement humain y a toute sa place. C’est dire qu’on ne se contentera pas du scénario classique : énigme policière, enquête serrée, punition du (ou des) coupable(s). A preuve flagrante Train bleu, train noir qui vient de paraître chez Jigal éditeur des onze romans de Maurice Gouiran. Le « Bleu », c’est celui qui amène les supporters de l’OM un soir de 1993 vers Munich et le paradis de la Coupe d’Europe. Le « Noir », c’est un demi-siècle, auparavant en janvier 1943, ce train du malheur, en route pour l’enfer de Sobibor avec les 1600 otages des Vieux-Quartiers voués à la destruction sur ordre d’Hitler. Dans les deux trains, les trois mêmes protagonistes, Bert, Miche et Jo, mais pour ce second voyage, ils ont emporté trois P38 afin de régler quelques comptes avec les intérêts de retard. Le drame des Vieux-Quartiers de Marseille, où sous prétexte de « nettoyer  la racaille», à l’ombre de l’Occupant, certains Français réalisèrent l’affaire de leur vie en profitant du malheur des autres sert le thème – et l’intérêt – de ce roman poignant qui sonne comme le rappel à un devoir de mémoire.

Jean Contrucci

 

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