Voilà un livre qui n’a de policier que l’enquête autour de la mort suspecte d’une femme victime d’une étrange blessure au cou laissée par quelque chose de très froid … comme une stalactite de glace, mais on est en juin à Paris ! Et progressivement, le récit va aller se mélanger à une science fiction du style wellsien mais à l’envers… L’affaire de « L’Homme aux huit têtes » avec la disparition d’un boxeur sur le déclin – c’est sa maîtresse qui est retrouvée morte -, et celles d’un lutteur pas au mieux de sa forme et d’un rugbyman apparemment non diminué, fait l’effet dans les milieux sportifs d’un malaise semblable à celui qui s’empara de la population londonienne à l’époque des méfaits de Jack l’Eventreur. Chez le lutteur disparu, on retrouve un bizarre tableau représentant un homme aux proportions bizarres dont la main est posée sur une superposition de huit têtes semblables à la sienne… L’inspecteur principal Desaix entreprend une enquête classique mais elle ne donne rien jusqu’à l’intervention de Florent Vallerin, reporter des Nouvelles Mondiales et limier solitaire qui opère en marge de la police et héros déjà mis en scène par l’auteur dans des livres précédents. Du coup, les méthodes ne sont plus les mêmes et aussitôt le détective reporter remarque que les trois disparus sont des « poids lourds », des hommes grand format selon sa formule Or le thèse d’un grand criminologiste consulté voit dans ce géant représenté à côté d’un empilement de huit têtes, un homme du passé alors que manifestement, au contraire, il personnifie l’homme du futur. Cela va conduire le reporter à se confronter bien entendu à celui qui, par définition, est insoupçonnable mais manœuvre sous le manteau à partir d’une théorie héritée du 15ème siècle selon laquelle un homme normal d’aujourd’hui ne peut avoir une taille supérieure à celle de 8 de ses têtes. Une telle imagination donne envie d’aller chercher les romans policiers du même auteur, Marc Minérath (1901-1983), un journaliste, ayant été aussi romancier et historien et membre de la Société des Gens de Lettres.
Michel GRANGER
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