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MARTIN HEWITT DETECTIVE - ARTHUR MORRISON
Petite Bibliothèque Ombre - Editions Ombre - 1998 (Traduction René Lecuyer) 

« Arthur Morrison (1863-1945), journaliste, écrivain naturaliste dans la tradition de Dickens, est âgé de 31 ans quand il donne naissance au plus célèbre « rival » de Sherlock Holmes, le détective Martin Hewitt », peut-on lire en 4ème de couverture de ce volume de la collection « Les classiques de l’Aventure et du Mystère ».
Quatre livres1/ de cet auteur paraissent en France au début du siècle dernier composés chacun de six nouvelles dont six (sur les 36) sont reprises  en 1998 aux Editions Ombres (d’ailleurs à mon sens par forcément les meilleures !) dans leur version traduite « revue et corrigée » de René Lécuyer.
M. Hewitt appartient à une étude d’avocats dont il est le jeune clerc ; comme il s’est illustré « dans une stupéfiante affaire d’héritage », il décide d’opérer à l’avenir pour son propre compte et adopte le métier de détective amateur où il ne tarde pas d’acquérir des succès nombreux et remarquables.
« Comme Holmes, Hewitt possède sont Watson » en la personne du narrateur, le journaliste et critique littéraire qu’on connaît seulement par son prénom Brett.
Ils ont fait connaissance par accident, lors d’un incendie dans une vieille maison où Hewitt avait le bureau de son Agence de Recherche en-dessous de l’appartement du journaliste.
Leurs relations sont devenues intimes et Brett accompagne Hewitt dans plusieurs de ses expéditions et parfois lui fournit une aide « très humblement ».
Brett écrit en prologue au récit de sa première enquête : « il est de fait que Martin Hewitt a toujours été aussi différent des détectives de convention que l’on peut se l’imaginer. Nul ne possède des manières plus affables et un air observateur que lui, bien qu’il y ait, dans son regard, une certaine acuité qui vous frappe, mais qui n’est peut-être, après tout, qu’un pétillement de bonne humeur »
Hewitt affirme qu’il se borne uniquement à faire un judicieux usage des facultés très ordinaires qu’il possède. Le narrateur les trouve « vraiment extraordinaires ».
Hewitt a l’habitude « de poser toutes les questions qui lui passent par la tête, les réponses en apparence les plus superflues se révélant les plus précieuses ».
« Mon système est un peu de bon sens et une paire de prunelles qui voient clair, voilà mon secret ».
Il accumule les trivialités (indices, détails, choses ou apparences insignifiantes) pour en faire des preuves, des considérations importantes.
Exemple : le narrateur reçoit en cadeau de son ami Hewitt la moitié d’une pomme pourrie qui a servi à confondre le coupable de l’affaire Foggatt quand l’empreinte laissée par les dents constitue la preuve de la culpabilité de l’assassin : elle n’a pas jauni donc « on vient de mordre dedans pour la croquer » sans l’éplucher.
« La signature des dents sur la pomme est aussi importante que l’empreinte de son pouce ».
Hewitt un « célèbre détective » qui, entre autre, parle français et l’argot, idiome des romanichels et s’introduit dans tous les milieux avec la facilité d’un caméléon avec un capital de sympathie qui éclipse carrément le héros de Conan Doyle.
A lire absolument et pas seulement les cinq nouvelles rééditées mais l’œuvre entière malheureusement trop courte.

1/ Tout d’abord chez J. Tallandier entre 1911 et 1913 ; La Renaissance du Livre republiera les 4 volumes en 1932-33 avec de magnifiques couvertures (voir ci-dessous).

Michel GRANGER

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