La magnifique couverture de ce livre réalisée par l’illustrateur réputé Joseph de Wulf (1926-1994) montre non seulement son grand talent mais aussi le fait, maintes fois constaté, que le dessin retenu ou commandé par les éditeurs ne correspond à aucune scène du livre. Ce Martien armé d’un désintégrateur n’a rien à faire dans cette histoire plaisamment racontée par P. Tollet (1909-1991) mais dont l’épaisseur policière est ultramince. Seul le style savoureux de l’auteur permet d’y prendre un intérêt non dissimulé.
Le trio d’inspecteurs Liotard (principal), Buffet et Martin est confronté à une série de meurtres dont les victimes tuées par balles n’ont, semble-t-il, aucun lien commun sinon celui d’être tous des hommes (!) et ce n’est qu’à la page 78 (sur 191) qu’on y voit apparaître la notion de « soucoupes volantes ». L’auteur ne s’y attarde pas d’ailleurs même si l’inspecteur Liotard va se voir enlevé dans un de ces engins discoïdes contre son gré en une sorte d’anticipation de ce qu’on appelle aujourd’hui du nom abstrus dérivé de l’américain d’« abduction ». Un récit précurseur auquel je n’ai vu aucun des partisans de la thèse de l’imprégnation socioculturelle faire référence justement ; peut-être, à cause de la représentation caricaturale de la couverture ?
Or, c’est le « Martien » qui va souffler la solution des meurtres à l’inspecteur Liotard fourvoyé sur une voie sans issue par un témoignage erroné. Rendu à son milieu naturel, aussitôt le kidnappé prend les dispositions qui vont le conduire à ce tueur en série hors série dont les motivations sont d’une telle banalité que des morts de ce type devraient décimer la moitié de l’humanité !
Dans ce quatrième roman de Pierre Tollet, tout aussi atypique que les trois premiers, ce n’est pas seulement l’inspecteur Buffet qui se révèle très porté sur les belles femmes ; voilà que l’inspecteur Liotard s’en mêle tout en ne dédaignant pas, heureusement, sa première passion : la pêche à la ligne.
Michel GRANGER
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