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08_Nord_policier

QUI EST LE POLICIER ? - PIERRE NORD
Librairie des Champs Elysées, Collection Le Masque, 1953. Réédité au Club des Masques, n°263, 1976.

On connaît surtout Pierre Nord, alias André Brouillard (1900-1985), pour ses livres d’espionnage et d’aventures.
Mais il a aussi écrit d’excellents livres policiers, tel celui-ci particulièrement intéressant et plaisant à lire.
Il met en scène un éditeur qui voulant se débarrasser d’un associé s’arrange pour le faire exécuter par un tiers ; et ce, sans que ce dernier ne se sente moindrement manipulé. En fait, l’éditeur monte un de ses auteurs contre celui qu’il veut éliminer en lui laissant entendre que le seul moyen qu’il a pour accéder à un prix littéraire, c’est de se débarrasser de son principal opposant. Un troc de crime, en quelque sorte sous l’effet d’une subtile suggestion.
L’associé meurt dans son bain électrocuté.
Un peu plus tard, l’éditeur qui pense avoir réalisé un crime parfait, reçoit un coup de téléphone d’un écrivain inconnu qui lui propose un livre intitulé : « Qui est le policier ? » et qui laisse entendre qu’en cas de refus, il pourrait dire des choses…
Ayant accepté de lire le manuscrit, l’éditeur découvre avec effroi que c’est son meurtre par procuration qui est décrit dans ces 50 pages… et que la suite reste à écrire.
L’auteur navigue avec bonheur entre la réalité vraie et celle que se propose de raconter cet écrivain mystérieux : l’éditeur, pris dans un engrenage et à son propre piège, se voit ainsi contraint de tuer au cours d’une chasse à la bécasse celui qu’il soupçonne de la machination, à savoir celui dont il a fait un assassin.
Est-il délivré de la menace ?
Hélas non, après un autre coup de fil, la deuxième partie de « Qui est le policier ? » lui parvient avec la proposition d’en écrire la fin.
L’auteur vient même le rencontrer : il s’agit d’un ami du premier meurtrier manifestement mis dans la confidence. Peut-être même un policier.
L’éditeur doit composer avec lui et, pour gagner du temps, s’en fait un nouvel associé.
La fin du livre est peut-être en deçà du reste. Toujours est-il que l’éditeur se retrouve dans une maison de fous préparant son évasion et se prenant pour Napoléon.

Michel GRANGER

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