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Le livre qui tue - Robert Charroux
Le livre qui tue, Editions S.A.G.E./Mazarine, 1945

Si Robert Charroux (1909-1978) s’était contenté d’écrire des romans policiers, probable que nous ne saurions pas que c’est à l’âge de 36 ans qu’il commit celui-ci. De son vrai nom de Robert Grugeau, ce n’est qu’en 1963 qu’il se fit connaître par son Histoire inconnue des hommes depuis cent mille ans qui se vendit à plus de 200 000 exemplaires ! C’est lui, notamment, qui m’inculqua la passion de l’archéologie mystérieuse.

Je ne sais à combien se vendit ce modeste « Le livre qui tue » de 31 pages écrites tout petit au sortir de la guerre ? On y retrouve déjà le goût de l’auteur pour un certain ésotérisme avec ce livre sulfureux du Talmud de Babylone dont on nous dit (je ne l’ai pas lu) qu’il contient des passages douteux. Mais ce n’est pas le contenu du livre qu’utilise l’auteur, ni d’ailleurs son côté « tueur » suggéré par le titre, mais plutôt sa présence comme mobile en tant que valeur pouvant attiser la convoitise autour de la famille qui le possède : d’où les morts violentes des membres d’une famille d’un professeur fortuné de langues anciennes à la Sorbonne.

« Comme l’archéologue a dérobé le fameux Talmud lors des fouilles où il l’a découvert, quelque secte d’Asie Mineure en a-t-elle pris ombrage et décidé une punition. Et lui a-t-elle envoyé un fanatique ? » Telle est la vision officielle de ces crimes en série formulée par l’inspecteur Brochet.

Mais c’est l’inspecteur Roll, envoyé par le Parquet, qui fait là ses débuts mais ne peut empêcher que cette famille soit décimée y compris le professeur en dernier poignardé avec un stylet, qui va bien sûr trouver le mobile lequel est « de tuer pour tuer ». Et le fait « de se trouver en présence d’une pièce absolument close où l’assassin n’a pu ni entrer, ni sortir » ne lui pose aucune difficulté pour trouver l’explication.

Oh la solution n’est pas d’une ingéniosité extrême (à peine plausible ?) mais elle va valoir à Roll, outre une tentative désespérée pour l’éliminer à laquelle il va échapper par miracle, les félicitations de la police et certainement l’envie à l’auteur de le remettre en scène dans d’autres circonstances. Ce qui sera fait dans « La dame Blanche » publié en aux Publications Georges Ventillard, 3 ans plus tard sous le pseudonyme de Dudley Radshaw, traduction Robert Charroux !

Michel GRANGER

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