C’est la quatrième – et dernière - fois que Raymond Fauchet met en scène son mystérieux personnage de Monsieur Du Biquet. Et, enfin, il se laisse aller à une description qui le sort fugitivement de l’ombre sans complètement l’identifier cependant.
« La lumière mettait en évidence son petit corps souple de quinquagénaire, mal à l’aise dans un ridicule vêtement étriqué. Quelques mèches sombres s’aplatissaient sur son front qui, vu de profil, était très incliné en arrière ; c’était le front des sentimentaux, des imaginatifs, des rêveurs. Sa mâchoire corrigeait ce que le front pouvait signifier d’inconsistant ; elle était bien matérielle, bien accrochée à une tête d’homme d’action impulsif par le haut du crâne, et malin par les yeux, yeux remuants, yeux de renard. Homme d’action, impulsif, intelligent et bon, bon par la bouche bien arquée, nette aux commissures remuantes et fine comme l’esprit de son propriétaire. Une petite moustache reliée à une barbiche donnait à cette tête un aspect des plus cocasses ».
Or que fait M. Du Biquet dans cette « guinguette au trésor », une auberge située entre Rueil et Bougival où les auteurs d’un hold-up sont venus cacher un magot fait de bijoux ? Maintenant qu’ils ont purgé leur peine de prison et ont été libérés, ils sont là pour récupérer le « trésor » et les morts s’accumulent. Du Biquet est là aussi avec un journaliste et le représentant de l’assurance… Il semble être partie prenante dans cet héritage… Et ce n’est pas une main « fraîchement » coupée trouvée dans une boîte en bois enterrée dans la cave, ni le message qui l’accompagne : « Avis aux amateurs » qui va empêcher le massacre. Même si après le trésor est retrouvé là où on ne le cherchait pas.
Du Raymond Fauchet à son meilleur qu’on aimerait quand même voir se terminer de manière un peu plus explicite.
Michel Granger
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