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Régis Descott : si ce n’est toi, c’est donc ton frère…
Il nous avait bluffé voici deux ans avec Pavillon 38 qui renouvelait le genre du thriller français en s’attachant à l’étude des motivations des tueurs en série. Le roman tranchait sur la production habituelle par le sérieux de sa documentation et l’utilisation qui en était faite au profit d’une histoire où le triste héros était autant à plaindre qu’à blâmer, lui même victime de sa nature dévoyée. Dans Caïn et Adèle, on retrouve plusieurs des personnages de Pavillon 38 : le serial killer, Laurent Kovak, surnommé l’Anaconda à cause de ses tatouages, le psychiatre Suzanne Lohmann et son « équipier » Steiner, le flic. Mais l’Anaconda, bien qu’évadé, n’est qu’un personnage secondaire de Caïn et Adèle, dans lequel Régis Descott renouvèle le mythe des enfants d’Adam et Eve, héros de la première affaire criminelle de l’humanité et va chercher chez Hugo le pseudonyme – L’homme qui rit - du tueur qui défigure des femmes qui ressemblent à sa mère, tout en étudiant les rapports complexes de deux vrais jumeaux dont la « singularité dupliquée » (si l’on peut dire ainsi) égare les enquêteurs sur de fausses pistes. L’auteur éprouve une fascination/répulsion pour les gouffres de l’âme humaine et sait la faire partager. Ne dit–on pas qu’il existe une attirance pour l’abîme ?
Jean Contrucci
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