L’auteur de ce très bon livre, Louis Roubaud (1884-1941), journaliste au Quotidien de Paris, n’a pas hésité à changer son titre pour lui donner une seconde vie 6 ans après sa parution aux Editions de France. Et cela pour le publier à La Technique du Livre, en n’y effectuant que des changements dans certains noms de protagonistes : par exemple, le brigadier-chef Pigier devient l’inspecteur principal Piguet, mais le reste est copie conforme. Un homme nu est découvert mort dans une malle à la gare de Nantes ; son identification le donne comme l’ami d’un banquier et le narrateur journaliste est l’ami de ce banquier, lequel l’appelle à la rescousse, en pleine nuit, à Paris. L’agent de gare a signalé la malle suspecte à cause de l’odeur qu’elle dégageait… Le mort dans la malle a été empoisonné au cyanure. Le journaliste va collaborer avec les enquêteurs de la police. Et découvrir avec eux que, déjà, deux commissionnaires étaient venus les semaines précédentes pour enlever une lourde malle et que chacun y avait renoncé mais avaient quand même emporté l’argent prévu pour l’opération et laissé en évidence… D’où le titre du « crime des 4 jeudis » que le banquier suggère à son ami journaliste d’utiliser pour son article (3 enlèvements de malles plus la découverte macabre) et le titre de la deuxième version du livre quelque peu tiré par les cheveux, il faut bien le reconnaître. Les relations entre le mort et son ami le banquier se révèlent plutôt compliquées : ils ont résidé tous les deux à Shanghai et en Indochine ; entre eux, il y a eu une affaire de femme et d’opium… De plus, le mort avait acquis un paquet d’actions de la banque de son ami qui le rendait minoritaire au conseil d’administration. Après l’élimination d’un certain nombre de coupables potentiels (un boy annamite, la maîtresse du mort) et une reconstitution plausible du crime par un juge, le banquier lui-même est arrêté. La veille de la découverte de la malle, il devait déjeuner avec son ami et il affirme que ce dernier s’est défilé au dernier moment. Il proteste de son innocence et crie à la manipulation. C’est un ex-commissaire devenu détective privé qui, parti sur une autre piste, va raisonner pour aboutir à la conclusion : personne d’autre que l’inculpé ne peut avoir tué. Donc le mort n’a pas été tué…. Une issue astucieuse qui passe par un numéro de cirque : celui du numéro de la malle des Indes…
Michel Granger
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