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SOMBRES SOIRÉES CHEZ MADAME GLAUQUE - PIERRE SINIAC
LIBRAIRIE DES CHAMPS ELYSEES, Collection « Le Masque, Les Maîtres du Roman policier  », 1989.

Dans ce roman, l’auteur tente de rééditer l’exploit réalisé neuf ans plus tôt avec « Aimé Le Maudit » qui lui avait valu le grand prix de la littérature policière. Personnellement, je ne crois pas qu’il y réussi.

Et pourtant, c’est du bon, de l’excellent Siniac. Encore du temps, où ayant échafaudé un scénario à priori impossible, il s’emploie à la fin à tout expliquer même si, en cherchant bien)  des questions restent en suspens.

L’idée est géniale : un club de candidats désespérés au suicide (certains se sont déjà manqué) s’étant regroupés dans la pension de Mme Glauque sont confronté à un tueur en série (il réutilise d’ailleurs le même qualificatif : le Maudit) qui sévit dans le quartier. Et ils se font le raisonnement suivant : pour sauver toutes ces victimes innocentes (déjà trois !) pourquoi pas, eux qui ne souhaitent que disparaître, ne pas se substituer à celles-ci et ainsi assouvir, sans mort non souhaitée, la pulsion de meurtre qui semble animer l’assassin tous les mois à la pleine lune ? Ne feraient-ils pas ainsi œuvre bienfaitrice en faisant appel à un spécialiste pour les faire passer de vie à trépas ?

Parmi les candidats, la désignation du prochain aspirant à la mort violente est réalisée par tirage au sort mais encore faut-il savoir où le tueur va sévir pour se porter à sa rencontre et l’inciter à ce qu’il se livre de lui-même à la substitution. Les premiers lieux des « suicides » sont trouvés en consultant une boule de cristal !

Comme la méthode de divination ne convient pas au compagnon de Madame Glauque, un ancien policier, ce dernier contraint les futurs suicidés à user d’une autre méthode : trouver le nom et l’adresse des victimes potentielles du « Maudit » en tournant au hasard l’annuaire téléphonique et y posant le doigt. Et, contre toute attente, ça marche : à chaque fois, le tueur est repéré sur place avec son grand chapeau et son écharpe blanche, le volontaire au suicide est retrouvé mort avec la même arme et la victime sauve rendue au poste de police…

Jusqu’au jour où il y a un raté. Puis deux, puis trois. Quel brio pour résoudre tout cela avec, certes, la seule solution qui s’impose, mais sur laquelle on n’est seulement fixé que tout à la fin. Du très bon Siniac  même si certaines explications peuvent se révéler quelque peu superflues pour masquer certaines incohérences plus gênantes !

Michel GRANGER

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