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IMPASSE DES BOITEUX - STEEMAN
PRESSES DE LA CITE, Collection « Un mystère » Enigme, n°463, 1959.

Quel roman fascinant que ce livre de Steeman ! Certes, je suis un inconditionnel de cet auteur belge mais on peut dire que toutes ses œuvres ne sont pas toujours à la hauteur de sa réputation ou du moins celle à laquelle il aspirait : être le maître du genre. Un texte et un titre qu’il ne semble pas avoir retouchés ce qui semble indiquer que l’auteur, très perfectionniste, en était définitivement satisfait contrairement à tant d’autres. Et en effet, cette enquête de la bande des Desparados – gamins, garçons et filles, de 10 à 12 ans maximum - sur les morts en série des habitants de cette impasse où personne ne claudique n’a aucune raison d’être amendée et atteint à la perfection tant dans son style fleuri que par l’histoire qui tourne autour d’un magasin de farces et attrapes : « Le palais du Cotillon ».
Dans cette impasse, les habitants, la plupart des « vieillards », meurent inopinément de mort naturelle. Mais d’une mort plutôt cocasse provoquée par un mannequin de tailleur qui tire la langue, une auto-fantôme qui a klaxonné dans le dos de quelqu’un tombé raide, une chute en arrière par la fenêtre en reculant devant un rat mécanique qui menaçait… Tous victimes d’un assassin qui les trucide en se payant leur tête.
Le suivant semble avoir succombé au jet malveillant d’un pistolet lance-parfum… Le dernier, frappé de stupeur bascule à la renverse dans l’escalier quand il est confronté à un masque vert et blanc d’ « éthéromane »…
Du coup, les Desperados vont faire appel à un ex-commissaire de l’impasse, dit Monsieur Carabosse, qui va échapper miraculeusement à l’action d’un explosif (boîte remplie de pétards) placé sous sa table (il est sourd !).
Steeman joue avec le lecteur sur le nombre des suspects qui se réduit à chaque nouvelle mort. Il s’appesantit aussi sur le mobile de ces crimes qui ne s’inscrit manifestement pas dans le registre classique : intérêt, jalousie, etc. « On ne tue pas pour rien… »
Et il en invente un, original comme il en a le secret, pour clore cette histoire si plaisante à suivre qu’on en oublie de relever ses invraisemblances.
Du grand art en la matière. Vingt ans pour écrire ce livre d’après les dates 1938-1958 indiquées à la fin de la dernière page. Ça valait vraiment la peine d’attendre.

Michel GRANGER

 

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