Cet auteur anglais inconnu (parce qu’usant d’un pseudonyme ?) nous propose là une histoire classique mais bien menée si ce n’est quelques outrances dans l’aventure vécue par le lieutenant Brett Duncan qui va s’en sortir avec les honneurs.
En quittant sa fiancée transporté de joie par le moment qu’il vient de passer avec elle (on n’a pas plus de détails), ce jeune officier de marine tombe dans la rue sur le corps gisant en pleine nuit d’une femme et son meilleur ami – et frère de sa fiancée – penché sur elle dans une attitude ambiguë ; ce dernier tient à la main une dague de Venise dont la lame en verre a atteint la victime en plein cœur, y restant cassée. « Miséricorde ! Vous ici ! », s’exclame son ami avant de s’enfuir ce qui semble l’accuser de cet horrible meurtre. D’autant qu’il fréquentait assidûment cette fille, voulant en faire sa femme malgré sa condition inférieure. Or celle-ci se refusait à lui accorder sa main…
Il s’avère vite que cette femme n’a pas toujours été « serveuse » mais au contraire elle est la fille d’un duc, disparue quand elle s’était amourachée d’un aventurier américain et l’avait épousé en cachette.
Voilà le lieutenant lancé sur un jeu de piste pour retrouver ce qui a pu ainsi inciter cette fille à quitter le milieu aristocratique dans lequel elle vivait et à se retrouver là étendue dans cette rue, poignardée avec une dague appartenant sans conteste à son meilleur ami.
Après avoir un temps pris cet ami pour le coupable, une fois celui-ci incarcéré, le lieutenant n’aura de cesse de l’innocenter. Lui, d’habitude si nonchalant aux dires de sa fiancée, va se voir devenir « tout alerte et plein d’énergie » pour traquer la vérité. Une vérité peu reluisante et quelque peu chargée qui va conduire à l’enlèvement de la fiancée suivie de sa séquestration et à une blessure du lieutenant qui, heureusement, ne lui sera pas fatale.
A travers une enquête compliquée par des changements constants d’identité des protagonistes, tout aboutira à une issue heureuse même si le sort dévoilé de la morte prête à penser au réalisme sordide des récits d’une autre époque qu’on retrouve plutôt dans des romans de mœurs de la fin du 19ème siècle.
Michel GRANGER
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